Transatlantica 3/ 2003
Amélie MOISY. Thomas Wolfe. Paris: Belin, 2002. 126 p., 7,60 E. Lu par Jacques Pothier (Université de Versailles-Saint Quentin). Amélie Moisy retrace, de la vie à luvre, de luvre à la vie, les incertitudes et les quêtes de ce héraut de la frontière littéraire américaine. Dramaturge raté, moraliste contradictoire prônant tour à tour la nécessité de lexil et limpossibilité du retour, Thomas Wolfe suit des héros à son image, à la recherche dun grand Tout américain. Lexpérience existentielle de Wolfe se confond ainsi avec lexploration de lexpérience américaine, qui la dailleurs conduit plusieurs fois à aller voir lAmérique depuis lEurope. Dans sa lecture exhaustive de luvre, Amélie Moisy situe Wolfe dans une histoire littéraire américaine entre Whitman et Kerouac, plutôt que comme un écrivain hanté par la faute sudiste quon dépeint parfois : sil est ancré dans une région, Wolfe est avant tout un chercheur dAmérique, un « poète du lieu », un de ces poètes lyriques pour qui laffaire du grand roman américain est de renouveler les mots. De cet aspect, Amélie Moisy témoigne en recourant à de nombreuses citations, fréquemment enrichies de compléments génétiques montrant le travail sur le texte de Wolfe et de ses éditeurs, et qui aiguisent lappétit en témoignant de la force métaphorique, de linventivité, de lacuité, de lhumour ou du romantisme de Wolfe. Amélie Moisy donne un aperçu des grilles de lecture de la critique wolfienne, mentionnant aussi la question dun engagement social et politique incertain. La question essentielle du statut auctorial de luvre, en grande partie posthume, revient fréquemment, mais on aurait pu souhaiter que le partage soit fait de manière plus décisive entre la part de Wolfe et celle de ses éditeurs. On peut remercier Amélie Moisy de nous offrir un bon guide à travers la forêt foisonnante dune uvre estimée, notamment par dautres écrivains parmi les plus grands, mais souvent méconnue. |
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