Transatlantica 3/ 2003
Lauric GUILLAUD. La Terreur et le sacré : la nuit gothique américaine. Paris : Michel Houdiard Editeur, 2003, 280 p., 20 E. Lu par Max Duperray (Université de Provence). Trois ou quatre chapitres essentiels viendront structurer le développement. Un autre volet est ensuite celui, visuel, de la représentation picturale. A lâge du pittoresque, les artistes , peintres ou poètes, célèbrent le « Wild » sublime ( le poète Alexander Wilson est très proche de Burke) en aidant le paysage à supplanter la mode du portrait, avec à leur tête Thomas Cole, contaminé par la fièvre de la colonisation des grands espaces. Ses cycles picturaux vont osciller entre la glorification de lhistoire (The Voyage of Life, 1839) et la tentation allégorique et cyclique. Là encore Guillaud esquisse une possible filiation avec le « Maelström » de Poe. Dans ce contexte, Jack London méritait reconnaissance et il est heureux quil revienne à la mémoire dune époque qui la parfois un peu oublié ou relégué à la littérature enfantine. Les récits du grand Nord sont judicieusement répertoriés sous le signe dune « échappée régressive » au cours de laquelle le protagoniste, répondant à lappel du chaos « The call of the wild »- doit déchiffrer les messages abscons de la nature, entre « signification et futilité ». Après tout Jack London trouve, à linstar de Stevenson peut-être, la même énigme dans la nature silencieuse que dans les bas-fonds de Londres (The People of the Abyss, 1903). Enfin on arrive là où on devait aller, aux échantillons dune fiction fantastique une littérature que Lauric Guillaud connaît bien - : Charlotte Perkins Gilman, entre autres, pour une nouvelle moins célèbre que linévitable « Yellow Paper », « The Giant Wisteria », « conte gothique de la frontière. » Comme un avocat montant son dossier, lauteur verse les pièces de son témoignage pour faire revivre la sensibilité historique des fondateurs de la littérature doutre-Atlantique. Il sexclame en fin de course : « jai voulu épouser le regard de ces êtres de jadis, exilés, perdus mais toujours fascinés
». De cette fascination, il reste ici quelque chose, même si elle nempêche pas lélaboration du travail universitaire savant appuyé sur sa bibliographie, ses notes et glossaire, tout ce qui le rendra utilisable comme outil de travail. |
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