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Paul DOWNES. Democracy, Revolution and Monarchism in Early American Literature. Cambridge : Cambridge UP, 2002. 239p. Lu par Jean-Pierre Martin (Université de Provence).
Lauteur, Associate Professor, Department of English, University of Toronto, part implicitement dune évidence : pour lensemble hétérogène des colonies américaines rebelles, le lien à la Couronne est le seul commun dénominateur , et le trajet le plus court de Charleston à Boston passe par Londres
Doù, pour un tiers environ de la population les Loyalistes une fidèlité à la monarchie poussée parfois jusquà lexil volontaire ; mais pour les Indépendantistes, nolentes volentes, des références et des emprunts constants au système qu'ils abolissent. Truisme, certes, mais que Downes explore et illustre avec une acuité érudite : « The American Revolutions crucial opposition between monarchism and democracy cannot be disentangled [
] from the revolutions immediate reincorporation, by way of translation and displacement,of the structures and aporias of monarchism » (Introduction, p.57). Thèse développée en cinq chapitres qui combinent heureusement histoire politique et incarnation littéraire de telle de ses composantes dans une uvre de lépoque. Ainsi lexplosion anti-monarchique de 1776 voit Freneau, Paine, et autres patriotes, multiplier les références à une couronne dans laquelle Emerson, cinquante ans plus tard, découvrira lannonce « hiéroglyphique » des droits de lhomme (p.40)
Crèvecoeur, héraut de lhomme nouveau, déplore cette « malheureuse révolution » et linstauration dune république qui étouffera les singularités individuelles (chapitre 2) thème que reprennent deux contemporains paradoxalement réunis, Stephen Burroughs, escroc, auteur de Memoirs, et Benjamin Franklin (chapitre 3) : le premier dénonçant les rigueurs dune loi abstraite, le second se félicitant au contraire de lunanimité républicaine (il sagit plus précisément du vote final de la Constitution par les conventionnels de Philadelphie). Autre legs de la monarchie, le culte du secret (chapitre 4) : Jefferson le dénonce, John Adams y voit le moyen dassurer, sous les dehors de la souveraineté populaire, le pouvoir exclusif de lélite et Charles Brockden Brown en fait le ressort majeur de son uvre romanesque (comme, parfois, James Fenimore Cooper dont un appendice analyse The Spy). Mais lIndépendance a-t-elle eu lieu ? ou la démocratie annoncée nest-elle quune nouvelle version de ce babillage femelle qui chasse Rip Van Winkle dans les collines et noffre à son réveil quune réalité peu plausible (chapitre 5)?
Lon goûtera le registre des notations, tant historiques que littéraires et critiques, et une agilité intellectuelle parfois déconcertante. Mais il doit être possible décrire plus simplement
Au total, lobjection majeure à cet ouvrage ingénieux et pénétrant concernerait son titre, et lemploi systématique du même vocable tout au long des analyses : comme tant dauteurs américains, et autres, Paul Downes confond démocratie et forme républicaine de gouvernement. Jamais la coalition fédéraliste des « riches et bien nés » nentendit instaurer la bellua multoru capitu.
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